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Covid-19 : tsunami politique pour les chefs d’Etat d’Afrique francophone ?

par admin
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Alors que les gouvernements africains multiplient les mesures d’urgence face à la pandémie, plusieurs chefs d’Etat se retrouvent sous le feu de leur opinion publique. 

C’est une brèche laissée ouverte par Alassane Ouattara dans laquelle n’a pas hésité une seule seconde à se glisser Guillaume Soro. Profitant du silence observé jusqu’au 23 mars par la présidence ivoirienne, l’ancien président de l’Assemblée nationale a multiplié les coups médiatiques. Dès la mi-mars, son mouvement Générations et peuples solidaires (GPS) a livré à grand renfort de communication plusieurs milliers de masques et de gels hydroalcooliques dans une dizaine de provinces rurales du pays. Très critique quant à la gestion du gouvernement ivoirien face au risque de pandémie de Covid-19, l’ancien leader étudiant ambitionne d’intensifier les livraisons d’équipements sanitaires à des ONG ainsi qu’à plusieurs hôpitaux ruraux, suscitant la paranoïa dans le camp présidentiel sur d’éventuels sponsors qui auraient financé ces achats. A sept mois de l’élection présidentielle, Guillaume Soro sait que la capacité du gouvernement ivoirien à répondre à la crise sanitaire est scrutée de près. 

Ailleurs en Afrique francophone, ce sont des mouvements citoyens qui se saisissent du sujet et interpellent les gouvernants sur l’urgence sanitaire avec une virulence qui désarçonne les pouvoirs en place. Au Mali, qui possède à ce jour seulement 56 respirateurs, le maintien du vol Air France AF0520du 20 mars en provenance de Paris a ainsi suscité une véritable levée de boucliers. Rebaptisé « Air Coronavirus » par les manifestants, le sujet a inquiété jusqu’au sommet de l’Etat. 

Un ministre malien est ainsi allé jusqu’à proposer à la compagnie tricolore d’assurer ses vols spéciaux sur Bamako via un aéronef spécialement repeint pour l’occasion et dépourvu des logos historiques de la compagnie. Le maintien des élections législatives maliennes, qui se sont tenues le 29 mars – marquées par une forte abstention – , a aussi alimenté une vive opposition de la part de plusieurs associations citoyennes. 

En RDC, au Burkina Faso ou encore au Tchad, plusieurs voix issues de la société civile se sont élevées pour dénoncer « l’attentisme » des gouvernants. Devenu opposant numéro 1 à Idriss DébySuccès Masra n’a ainsi pas hésité à saisir l’occasion pour dénoncer la médiocrité des installations hospitalières tchadiennes alors que le président tchadien fêtera en décembre de cette année ses trente ans de règne à la tête du pays. A Kinshasa, le coordinateur du mouvement citoyen FilimbiFloribert Anzuluni, a lui multiplié les sorties pour dénoncer la gestion « confuse » des autorités congolaises face à la crise. 

Seul le président sénégalais, Macky Sall, est jusqu’à présent parvenu à jouer la carte de l’union sacrée en recevant un à un les représentants des principaux partis d’opposition dans la matinée du 24 mars. Alors que le Sénégal comptabilise déjà plus d’une centaine de cas, le président est particulièrement préoccupé par l’impact que pourrait avoir une épidémie généralisée sur l’autorité de l’Etat. Outre l’opposition, il a activé ses relais auprès de plusieurs autorités religieuses du pays pour qu’elles mettent n aux prières collectives. Si la décision a soulevé dans un premier temps l’ire de plusieurs fidèles, notamment à Touba, siège de la toute-puissante confrérie mouride, le chef de cette dernière, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, a finalement appelé le 24 mars les dèles à « prier chez eux »

Si la crise sanitaire pourrait directement venir alimenter une véritable crise sociale, les chefs d’Etat d’Afrique francophone doivent aussi faire au spectre d’une crise économique sans précédent. Alors que les retraits de capitaux se multiplient sur le continent et que les cours des matières premières et de brent ne cessent de chuter, les présidents africains entrent dans une zone de turbulences inédite dont certains pourraient ne jamais se relever. 

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