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Commissaire divisionnaire Boubacar Sadio  » il faut dénoncer certains abus…. »

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Le commissaire divisionnaire à la retraite, Boubacar Sadio, fustige la manière brutale avec laquelle ses jeunes collègues policiers ont agi pendant la première nuit du couvre-feu. Dans la même veine, il cloue au pilori l’indiscipline et l’incivisme qui caractérisent la plupart de nos compatriotes sans manquer de dénoncer le comportement laxiste et irresponsable de certaines de nos autorités. Entretien !

SenePlus : Commissaire vous avez suivi les scènes déplorables de policiers tabassant des citoyens pour non-respect de l’heure du couvre-feu. Que vous inspirent de telles images qui ternissent le corps de notre police ?

Commissaire Sadio : En toute honnêteté et en toute franchise, j’ai été fortement gêné et heurté devant les images déplorables de policiers tabassant des citoyens pour non-respect de l’heure du couvre-feu. C’est scandaleux et ce n’est pas digne de la part de forces de sécurité ayant pour missions essentielles et premières la protection des personnes et des biens. Le comportement de ces éléments est indigne et déshonore le corps d’élite et la prestigieuse institution qu’est la Police nationale constituée dans sa très grande majorité d’hommes et de femmes travailleurs, consciencieux et à cheval sur leur crédo professionnel fondé sur la discipline, la déontologie et l’éthique. Le rôle de la Police dans le contrôle social est très important, à la limite indispensable ; comme stipulé dans le code du 3 brumaire de l’An IV « La Police est instituée pour maintenir l’ordre public, la liberté, la propriété, la sureté individuelle. Son caractère principal est la vigilance. La société considérée en masse est l’objet de sa sollicitude ». C’est dire que les policiers exercent un métier d’une très grande noblesse et d’une grande utilité sociale. Malheureusement, des comportements comme ceux qui sont projetés dans les réseaux sociaux sont de nature à jeter le discrédit sur l’ensemble des personnels de la Police nationale. Il est réconfortant de savoir que la hiérarchie supérieure a pris la ferme décision de sanctionner les responsables de ces exactions ; il ne faudrait surtout pas que ce soit un simple effet d’annonce pour calmer les esprits et étouffer l’indignation générale. S’il faut féliciter les forces de sécurité pour l’excellent travail qu’elles font quotidiennement, de la même manière, il faut dénoncer certains abus ; j’ai été effaré d’entendre un certain colonel déclarer sans sourciller que « l’état d’urgence est au-dessus des droits de l’homme », un vrai nigaud. Pour sa gouverne, je lui apprends qu’il y a des droits humains intangibles.

Certains policiers oublient que nous vivons dans un village planétaire où tout est viral ; ce n’est point un jeu de mots pour faire allusion au virus Covid-19. Tous les faits et gestes sont portés à la connaissance du monde entier en temps réel ; et les policiers doivent avoir conscience qu’ils ont une fonction de représentation de notre gouvernement, de notre Etat, de notre pays et de l’ensemble du peuple sénégalais. En aucun moment ni en aucune circonstance, ils ne doivent ternir l’image du Sénégal. On a l’habitude de dire que « force doit rester à la loi », c’est l’occasion de montrer et de démontrer que ce n’est point un simple slogan et que cela s’adresse et s’applique à tous les citoyens quels que soient leurs statuts.

Quelle attitude doit adopter la police en cette période de crise ?

La police adopte et adapte son attitude par rapport à la nature de la crise ; et vous savez que les crises sont de nature différente et une même crise peut etre protéiforme. Aujourd’hui, il y a une pandémie qui, de sa virulence, son amplitude et la célérité de sa propagation, sème la panique dans le monde entier. Comme beaucoup de pays, le Sénégal est touché avec de nouveaux cas tous les jours. Aussi, le président de la République a-t-il jugé de décréter l’état d’urgence pour y faire face. L’état d’urgence est un régime d’exception qui donne aux autorités administratives d’importantes prérogatives dans la gestion de l’ordre public ; il a été instauré un couvre-feu, de 20h à 06h, dont les forces de sécurité notamment, la police sont chargées de l’application stricte et rigoureuse.

Ce régime d’exception est inconnu de la plupart des Sénégalais, notamment les jeunes qui n’étaient pas encore nés lors du dernier état d’urgence décrété par le président Abdou Diouf en 1988. Dans une telle situation, il faut d’abord, ne serait-ce que pendant les trois premiers jours, adopter une démarche pédagogique, une approche d’adhésion par la sensibilisation, l’information et l’éducation. C’est une nouveauté, et une nouveauté ne s’impose pas par la brutalité. Le rôle fondamental de la police est d’ordre préventif et non répressif. La plupart des policiers envoyés sur le terrain n’a jamais connu ni vécu un état d’urgence. La communication est une forme d’action préalable d’une très grande efficacité que, malheureusement, les forces de l’ordre semblent minimiser. Les personnes qui ont été interpellées ont été présentées comme des récalcitrants, ce qui n’était pas le cas, puisqu’il y avait des personnels médicaux parmi elles. On aurait dû leur faire la morale, les morigéner, réprimander pour ensuite les informer correctement et leur donner un avertissement.

Il n’appartenait pas aux policiers de les corriger avec cette brutalité inouïe qui rappelle la triste époque des « tontons macoutes ». A défaut de les libérer après réprimande, il fallait les conduire aux différents postes de police pour faire une procédure et les déférer devant le procureur de la République. Des sanctions sont prévues en cas de violation de l’état d’urgence : une peine d’emprisonnement de 2 mois à 2 ans et une amende de 20 000 frs à 500 000 frs. Le policier ne doit pas se substituer au juge.

Il faut cependant reconnaitre qu’il y a beaucoup d’indiscipline et d’incivisme chez la plupart de nos compatriotes ; tout ceci a été favorisé et encouragé par le laxisme et le manque de volonté politique de nos différentes autorités qui ont eu à gérer ce pays. L’après coronavirus permettra peut-être aux autorités actuelles d’entamer le grand chantier de la lutte contre l’indiscipline légendaire et l’incivisme notoire des Sénégalais. Il s’agira d’appliquer la loi dans toute sa rigueur, sans interférence ni intercession aucune, en excluant toutes formes de traitements inhumains, cruels et dégradants.

Est-ce que vous pensez qu’un couvre-feu qui assigne les Sénégalais à domicile de 20h à 6h du matin est efficace pour limiter le Covid-19 surtout qu’il y a mouvement des populations pendant le jour ?

L’efficacité d’une mesure réside dans sa capacité certaine à résoudre une équation, à régler un problème, à éliminer un phénomène. Cela ne semble pas etre le cas. On peut néanmoins admettre que l’état d’urgence pourrait, un tant soit peu, contribuer à réduire le développement et la propagation du virus au sein de la communauté. Quelque fois une mesure ne fait que déplacer le problème. On interdit la vente du pain dans les boutiques pour créer des attroupements devant les boulangeries ; on réduit les places dans les véhicules de transports en commun pour créer des affluences aux différents arrêts. Il faut rapidement évaluer les premiers effets pour apporter, si nécessaire, des réajustements d’ordre pratique. Par exemple, pour le transport public urbain, il faut augmenter le nombre de véhicules en circulation et rapprocher les rotations. La mesure la plus efficace et qui a fait ses preuves partout dans le monde, c’est le confinement. Mais pour réussir un confinement sans trop de dommages pour les populations, il faut trois conditions cumulatives : d’abord une volonté et un courage politiques, ensuite des moyens financiers et logistiques conséquents et enfin une très bonne organisation administrative et communautaire.

Un arrêté du ministre de l’Intérieur, interdisant sur toute l’étendue du territoire, pour des raisons liées à la propagation de Covid-19, toutes les manifestations et tous les rassemblements de personnes, a été violé par l’ex-Premier ministre Boun Abdallah Dionne en participant à une séance de prière publique. Le président Sall a violé lui aussi un geste-barrière en donnant publiquement la main à Serigne Modou Kara alors qu’il l’interdit aux Sénégalais pour des raisons préventives. Comment jugez-vous cette irresponsabilité de nos autorités ?

J’ai de tout temps dénoncé l’incapacité, l’incurie et l’impéritie de l’ancien Premier ministre qui souffre d’un véritable déficit de personnalité. C’est le genre de personnes dont, malheureusement, le président de la République aime s’entourer. En se rendant à une séance de prière publique, il a posé un acte inintelligent, inconséquent, irréfléchi et irresponsable. Il a violé sciemment et de manière ostentatoire les mesures d’interdiction que le président et lui avaient prises, foulant au pied leur propre loi. Il a montré et démontré que les tenants du pouvoir ne croient guère ce qu’ils disent ; aussi, faut-il toujours les juger par leurs actes toujours aux antipodes de leurs discours trompeurs, fallacieux et spécieux.

Quant au président de la République, il a fait montre d’une faiblesse extraordinaire en acceptant la main tendue d’un certain marabout, alors qu’il avait demandé aux Sénégalais de bannir une telle pratique qui présentait d’énormes risques. Cela ne fait que confirmer et conforter ce que je n’ai eu de cesse de dire et de seriner dans mes contributions, à savoir que le président Macky Sall a une parole instable et qu’il ne faut le juger que par ses actes. S’il avait une force de caractère, une personnalité trempée et la conscience que tous les Sénégalais le regardaient, il aurait dû refuser cette main tendue et aurait, ainsi, fait preuve d’une exemplarité qui serait très bien appréciée par ses compatriotes. Malheureusement il a manqué de courage. D’après la presse, ce même marabout a refusé de se soumettre à la formalité obligatoire et exigée de tout le monde sans exception, de se laver les mains. Il n’aurait pas du accéder auprès du président de la République qui a été exposé et mis en danger par le manque d’autorité des responsables du protocole ; on a la désagréable impression que tout le monde manque de cran au palais.

Tous ces impairs de nos deux plus hautes autorités décrédibilisent fortement les consignes sur les gestes-barrières qu’elles donnent à leurs compatriotes. Le président de la République et le ministre d’état, secrétaire général donnent, à travers leurs comportements, une piteuse et triste image de leurs fonctions et de leurs responsabilités publiques.

Nous sommes en guerre, disent-ils ; quand on est en guerre, il faut oser, avoir du cran et de l’audace et être doté d’une grande probité morale pour que les troupes soient mises en confiance, vous suivent et exécutent vos ordres sans murmures.

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Le commissaire divisionnaire à la retraite, Boubacar Sadio, fustige la manière brutale avec laquelle ses jeunes collègues policiers ont agi pendant la première nuit du couvre-feu. Dans la même veine, il cloue au pilori l’indiscipline et l’incivisme qui caractérisent la plupart de nos compatriotes sans manquer de dénoncer le comportement laxiste et irresponsable de certaines de nos autorités. Entretien !

SenePlus : Commissaire vous avez suivi les scènes déplorables de policiers tabassant des citoyens pour non-respect de l’heure du couvre-feu. Que vous inspirent de telles images qui ternissent le corps de notre police ?

Commissaire Sadio : En toute honnêteté et en toute franchise, j’ai été fortement gêné et heurté devant les images déplorables de policiers tabassant des citoyens pour non-respect de l’heure du couvre-feu. C’est scandaleux et ce n’est pas digne de la part de forces de sécurité ayant pour missions essentielles et premières la protection des personnes et des biens. Le comportement de ces éléments est indigne et déshonore le corps d’élite et la prestigieuse institution qu’est la Police nationale constituée dans sa très grande majorité d’hommes et de femmes travailleurs, consciencieux et à cheval sur leur crédo professionnel fondé sur la discipline, la déontologie et l’éthique. Le rôle de la Police dans le contrôle social est très important, à la limite indispensable ; comme stipulé dans le code du 3 brumaire de l’An IV « La Police est instituée pour maintenir l’ordre public, la liberté, la propriété, la sureté individuelle. Son caractère principal est la vigilance. La société considérée en masse est l’objet de sa sollicitude ». C’est dire que les policiers exercent un métier d’une très grande noblesse et d’une grande utilité sociale. Malheureusement, des comportements comme ceux qui sont projetés dans les réseaux sociaux sont de nature à jeter le discrédit sur l’ensemble des personnels de la Police nationale. Il est réconfortant de savoir que la hiérarchie supérieure a pris la ferme décision de sanctionner les responsables de ces exactions ; il ne faudrait surtout pas que ce soit un simple effet d’annonce pour calmer les esprits et étouffer l’indignation générale. S’il faut féliciter les forces de sécurité pour l’excellent travail qu’elles font quotidiennement, de la même manière, il faut dénoncer certains abus ; j’ai été effaré d’entendre un certain colonel déclarer sans sourciller que « l’état d’urgence est au-dessus des droits de l’homme », un vrai nigaud. Pour sa gouverne, je lui apprends qu’il y a des droits humains intangibles.

Certains policiers oublient que nous vivons dans un village planétaire où tout est viral ; ce n’est point un jeu de mots pour faire allusion au virus Covid-19. Tous les faits et gestes sont portés à la connaissance du monde entier en temps réel ; et les policiers doivent avoir conscience qu’ils ont une fonction de représentation de notre gouvernement, de notre Etat, de notre pays et de l’ensemble du peuple sénégalais. En aucun moment ni en aucune circonstance, ils ne doivent ternir l’image du Sénégal. On a l’habitude de dire que « force doit rester à la loi », c’est l’occasion de montrer et de démontrer que ce n’est point un simple slogan et que cela s’adresse et s’applique à tous les citoyens quels que soient leurs statuts.

Quelle attitude doit adopter la police en cette période de crise ?

La police adopte et adapte son attitude par rapport à la nature de la crise ; et vous savez que les crises sont de nature différente et une même crise peut etre protéiforme. Aujourd’hui, il y a une pandémie qui, de sa virulence, son amplitude et la célérité de sa propagation, sème la panique dans le monde entier. Comme beaucoup de pays, le Sénégal est touché avec de nouveaux cas tous les jours. Aussi, le président de la République a-t-il jugé de décréter l’état d’urgence pour y faire face. L’état d’urgence est un régime d’exception qui donne aux autorités administratives d’importantes prérogatives dans la gestion de l’ordre public ; il a été instauré un couvre-feu, de 20h à 06h, dont les forces de sécurité notamment, la police sont chargées de l’application stricte et rigoureuse.

Ce régime d’exception est inconnu de la plupart des Sénégalais, notamment les jeunes qui n’étaient pas encore nés lors du dernier état d’urgence décrété par le président Abdou Diouf en 1988. Dans une telle situation, il faut d’abord, ne serait-ce que pendant les trois premiers jours, adopter une démarche pédagogique, une approche d’adhésion par la sensibilisation, l’information et l’éducation. C’est une nouveauté, et une nouveauté ne s’impose pas par la brutalité. Le rôle fondamental de la police est d’ordre préventif et non répressif. La plupart des policiers envoyés sur le terrain n’a jamais connu ni vécu un état d’urgence. La communication est une forme d’action préalable d’une très grande efficacité que, malheureusement, les forces de l’ordre semblent minimiser. Les personnes qui ont été interpellées ont été présentées comme des récalcitrants, ce qui n’était pas le cas, puisqu’il y avait des personnels médicaux parmi elles. On aurait dû leur faire la morale, les morigéner, réprimander pour ensuite les informer correctement et leur donner un avertissement.

Il n’appartenait pas aux policiers de les corriger avec cette brutalité inouïe qui rappelle la triste époque des « tontons macoutes ». A défaut de les libérer après réprimande, il fallait les conduire aux différents postes de police pour faire une procédure et les déférer devant le procureur de la République. Des sanctions sont prévues en cas de violation de l’état d’urgence : une peine d’emprisonnement de 2 mois à 2 ans et une amende de 20 000 frs à 500 000 frs. Le policier ne doit pas se substituer au juge.

Il faut cependant reconnaitre qu’il y a beaucoup d’indiscipline et d’incivisme chez la plupart de nos compatriotes ; tout ceci a été favorisé et encouragé par le laxisme et le manque de volonté politique de nos différentes autorités qui ont eu à gérer ce pays. L’après coronavirus permettra peut-être aux autorités actuelles d’entamer le grand chantier de la lutte contre l’indiscipline légendaire et l’incivisme notoire des Sénégalais. Il s’agira d’appliquer la loi dans toute sa rigueur, sans interférence ni intercession aucune, en excluant toutes formes de traitements inhumains, cruels et dégradants.

Est-ce que vous pensez qu’un couvre-feu qui assigne les Sénégalais à domicile de 20h à 6h du matin est efficace pour limiter le Covid-19 surtout qu’il y a mouvement des populations pendant le jour ?

L’efficacité d’une mesure réside dans sa capacité certaine à résoudre une équation, à régler un problème, à éliminer un phénomène. Cela ne semble pas etre le cas. On peut néanmoins admettre que l’état d’urgence pourrait, un tant soit peu, contribuer à réduire le développement et la propagation du virus au sein de la communauté. Quelque fois une mesure ne fait que déplacer le problème. On interdit la vente du pain dans les boutiques pour créer des attroupements devant les boulangeries ; on réduit les places dans les véhicules de transports en commun pour créer des affluences aux différents arrêts. Il faut rapidement évaluer les premiers effets pour apporter, si nécessaire, des réajustements d’ordre pratique. Par exemple, pour le transport public urbain, il faut augmenter le nombre de véhicules en circulation et rapprocher les rotations. La mesure la plus efficace et qui a fait ses preuves partout dans le monde, c’est le confinement. Mais pour réussir un confinement sans trop de dommages pour les populations, il faut trois conditions cumulatives : d’abord une volonté et un courage politiques, ensuite des moyens financiers et logistiques conséquents et enfin une très bonne organisation administrative et communautaire.

Un arrêté du ministre de l’Intérieur, interdisant sur toute l’étendue du territoire, pour des raisons liées à la propagation de Covid-19, toutes les manifestations et tous les rassemblements de personnes, a été violé par l’ex-Premier ministre Boun Abdallah Dionne en participant à une séance de prière publique. Le président Sall a violé lui aussi un geste-barrière en donnant publiquement la main à Serigne Modou Kara alors qu’il l’interdit aux Sénégalais pour des raisons préventives. Comment jugez-vous cette irresponsabilité de nos autorités ?

J’ai de tout temps dénoncé l’incapacité, l’incurie et l’impéritie de l’ancien Premier ministre qui souffre d’un véritable déficit de personnalité. C’est le genre de personnes dont, malheureusement, le président de la République aime s’entourer. En se rendant à une séance de prière publique, il a posé un acte inintelligent, inconséquent, irréfléchi et irresponsable. Il a violé sciemment et de manière ostentatoire les mesures d’interdiction que le président et lui avaient prises, foulant au pied leur propre loi. Il a montré et démontré que les tenants du pouvoir ne croient guère ce qu’ils disent ; aussi, faut-il toujours les juger par leurs actes toujours aux antipodes de leurs discours trompeurs, fallacieux et spécieux.

Quant au président de la République, il a fait montre d’une faiblesse extraordinaire en acceptant la main tendue d’un certain marabout, alors qu’il avait demandé aux Sénégalais de bannir une telle pratique qui présentait d’énormes risques. Cela ne fait que confirmer et conforter ce que je n’ai eu de cesse de dire et de seriner dans mes contributions, à savoir que le président Macky Sall a une parole instable et qu’il ne faut le juger que par ses actes. S’il avait une force de caractère, une personnalité trempée et la conscience que tous les Sénégalais le regardaient, il aurait dû refuser cette main tendue et aurait, ainsi, fait preuve d’une exemplarité qui serait très bien appréciée par ses compatriotes. Malheureusement il a manqué de courage. D’après la presse, ce même marabout a refusé de se soumettre à la formalité obligatoire et exigée de tout le monde sans exception, de se laver les mains. Il n’aurait pas du accéder auprès du président de la République qui a été exposé et mis en danger par le manque d’autorité des responsables du protocole ; on a la désagréable impression que tout le monde manque de cran au palais.

Tous ces impairs de nos deux plus hautes autorités décrédibilisent fortement les consignes sur les gestes-barrières qu’elles donnent à leurs compatriotes. Le président de la République et le ministre d’état, secrétaire général donnent, à travers leurs comportements, une piteuse et triste image de leurs fonctions et de leurs responsabilités publiques.

Nous sommes en guerre, disent-ils ; quand on est en guerre, il faut oser, avoir du cran et de l’audace et être doté d’une grande probité morale pour que les troupes soient mises en confiance, vous suivent et exécutent vos ordres sans murmures.

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