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Castagne en Casamance

par pierre Dieme

Par Adama Gaye*
Ils ont encore menti. Il en est de la gestion des épidémies dévastatrices comme des guerres meurtrières: la vérité y finit toujours par prendre le dessus.

Autant l’Etat sénégalais, par ses mensonges, s’est présenté indûment en champion dans la lutte contre le corona, qui n’en est que plus revenu avec plus de violence semer la terreur et la mort au sein de populations déstabilisées, autant sa promesse d’une irénie, presqu’une paix perpétuelle Kantienne, en Casamance, n’était donc qu’une entourloupe.

Le Sud du Sénégal, bastion de ce terroir, est ainsi, depuis quelques jours, la proie à un regain des opérations armées entre troupes sénégalaises et forces irrédentistes sous l’égide de ce qui reste du Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance (Mfdc).

Nous dormions donc dans la douce illusion d’une guerre éteinte, résolue. Par ses bravades habituelles, le gouvernement (illégitime), toujours prompt à embarquer le pays dans ses propagandes rassurantes, avait fait croire qu’il n’avait pas que vaincu le virus à l’origine du corona mais porté bonheur au Sénégal avec les découvertes de ressources en hydrocarbones et, surtout, mis un terme au vieux conflit Casamancais.

La réalité, sur tous ces fronts, est tout autre. En particulier concernant la question du séparatisme que des groupes, plus ou moins importants ou légitimes, revendiquent, depuis une soixantaine d’années.

Dans les grandes démocraties, on débat des enjeux essentiels. On en parle avec les parties prenantes et la règle reste l’honnêteté dans leur appréciation. Rien de tout cela avec le pouvoir dépassé de Macky SALL qui a fini de prouver à tous les sénégalais que sa seule expertise reste le mensonge permanent et à grande échelle pour se donner bonne contenance et masquer ses échecs.

Ce n’est pas surprenant dès lors qu’au lieu de trouver une réponse fiable, la question casamancaise reprend une place fracassante dans l’agenda national avec les cliquetis d’armes qui tonnent à nouveau au Sud. Tous le savent: l’opération ratissage menée par les soldats sénégalais n’est pas une simple manœuvre militaire. C’est le signe que la paix n’était que du toc.

La guerre et les revendications autonomistes voire indépendantistes sont plus qu’une réalité, le cœur du débat dans cette partie du pays.

En pratiquant la politique de l’autruche, celle de la fuite en avant, le gouvernement a cédé à son penchant naturel qui le pousse à se parer des plumes du paon pour revendiquer des victoires qui n’en sont pas.

Il s’est contenté, avec une déconcertante légèreté, des narratifs de ses plénipotentiaires chargés de négocier les conditions de la paix pour solder le conflit. Il l’a fait en laissant carte blanche à ses missi dominici, en refusant de voir qu’ils n’étaient que des corrompus vivant, de concert avec les rebelles, sur la bête, en se partageant des milliards d’une paix jamais actée.

En réalité, le péché originel de l’Etat Sénégalais, depuis le début des négociations, c’est d’avoir commis la bourde de n’avoir pas réalisé le consensus fort sans lequel aucun processus de paix n’est viable.

Le résultat, à l’arrivée, est là, symptomatique d’un échec total: la guerre a repris ses droits; le corona décime le peuple; et la manne pétro-gazière a été vendangée par une camarilla de criminels réunis autour de leur chef de file, un certain Macky SALL.

Et dans ce maelström débilitant, seul le son du silence, imposé par la terreur, les emprisonnements, le chantage et les délations, résonne, comme pour dire aux Sénégalais, tétanisés, qu’ils n’ont plus voix au chapitre.

Le mot d’ordre est: silence, on ne parle pas des symboles d’une banqueroute d’Etat. Mourir, sans mot dire, est la règle d’or, l’omerta, même au milieu des bruits de bottes, de la guerre, de retour, au Sud. Les mensonges en sont balayés !

La paix est décidément un projet sérieux. Il y a de quoi se demander pourquoi personne, classe politique, chefs religieux, journalistes, membres de la société civile, ne parle du retour de la guerre dans la région méridionale du pays. Ce silence est celui d’une morbidité paralysante qui en dit long sur l’état actuel du Sénégal.

*Adama Gaye est un exilé politique sénégalais.

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