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Benno face au défi du troisième mandat

par pierre Dieme

Formée en 2012, entre les deux tours de la présidentielle, pour soutenir le candidat Macky Sall, sorti deuxième derrière le président sortant, Me Abdoulaye Wade, la coalition Benno Bokk Yakaar, a battu le record de longévité et de diversité

Formée en 2012, entre les deux tours de la présidentielle, pour soutenir le candidat Macky Sall, sorti deuxième derrière le président sortant, Me Abdoulaye Wade, la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar (Bby) a battu le record de longévité et de diversité. Pour y arriver, la coalition dirigée par le président Macky Sall a tenu face à de multiples soubresauts, dont notamment les investitures mouvementées des législatives de 2017, les nombreuses contradictions des Locales de 2014, les départs de certains partis alliés, ou encore les scissions au sein de la quasi-totalité des partis alliés, sans oublier la perte de postes de responsabilité. Quid cependant du nouveau remaniement ministériel en vue, ou encore d’une éventuelle tentative de troisième mandat pour le chef de l’Etat ?

Elle est devenue la Grande majorité présidentielle, à la veille de la présidentielle de février 2019, avec notamment le ralliement de beaucoup d’opposants. Elle, c’est la coalition Benno Bokk Yakaar (Bby) forte de plus de 100 partis dont 12 sous-coalitions. Instituée en 2012, entre les deux tours de la présidentielle, pour soutenir le candidat Macky Sall, sorti deuxième derrière le président sortant, Me Abdoulaye Wade, elle a su déjouer les pronostics des analystes et autres observateurs de la scène politique, qui avaient prédit sa mort après la présidentielle de 2012. Après moult défis relevés, Bby a gagné le pari de la longévité, comparativement aux coalitions présidentielles, comme par exemple FAL 2000, qui a porté la candidature d’Abdoulaye Wade au second tour et lui a permis de gagner la présidentielle de 2000.

DES COMPROMISSIONS INSOUPÇONNEES 

Pour y arriver, de gros sacrifices et autres compromissions ont été faits de part et d’autre au sein de cette grande coalition, jamais connue au Sénégal. En effet, les investitures au sein de Bby, lors de l’élection législative de 2017, qui avaient suscité une levée de boucliers de la part de certains responsables ou militants de partis alliés, et même de l’Alliance pour la République (Apr), ont été maitrisées par le chef de la coalition, Macky Sall. Cela, même s’il avait été obligé de taper du poing sur la table pour dire que tous ceux qui seraient tentés de faire des listes parallèles seront sanctionnés. Les locales de 2014 avaient aussi mis en évidence les nombreuses contradictions qui frappaient la coalition de circonstance, née dans des conditions historiques bien définies et dont la survie n’était pas forcement prévue. A ce niveau aussi, les partis ont su taire leurs intérêts personnels pour sauver les meubles. Un peu en arrière, les départs des formations politiques de la mouvance présidentielle, comme le Bloc centriste Gaïndé (Bcg) de Jean Paul Dias, de Bës du Niakk de Mansour Sy Djamil, ou encore du mouvement d’Hélène Tine, sans oublier celui de Rewmi d’Idrissa Seck en septembre 2013, offraient un certain scepticisme sur l’avenir du compagnonnage de ladite coalition.

LA LIQUIDATION DES ALLIES N’Y FERA RIEN 

A cela s’ajoutent les nombreuses querelles intestines, qui ont toutes fini par des scissions, constatées dans les plus grands partis de la coalition. L’Alliance des Forces de progrès (Afp) s’est séparée de Malick Gakou et compagnie en 2015, à cause d’une décision de soutien de la candidature du président en exercice pour la présidentielle prévue en 2017, si Macky Sall avait tenu sa promesse de réduire son mandat de 7 à 5 ans. Il en est de même pour le Parti socialiste (Ps) qui a rompu les amarres avec Khalifa Sall et sa bande de Taxawu Dakar, en 2017, qui s’était rebellé contre le compagnonnage de Bby. La Ld paiera les frais de son alliance avec Bby par un divorce avec le maire de Dieuppeul Derklé, Cheikh Guèye et ses camarades de la Ld-Debout, ou encore avec la démission de son Secrétaire général, Mamadou Ndoye. Que dire du caractère très composite de ladite coalition qui compte en son sein presque toutes les sensibilités politiques existantes au Sénégal, socialistes, libéraux, extrême gauche, etc, faisant d’elle la coalition la plus contrenature que le Sénégal ai jamais connue ? Même la perte de certains privilèges n’a pas poussé à l’implosion de Bby.

En effet, le Ps est passé de trois ministres et d’une vingtaine de députés à deux postes ministériels et quelques députés. Voire les mairies etc. L’Afp qui disposait de deux portefeuilles ministériels n’en a conservé qu’un seul, sans compter la perte de députés et de maires. Si le Pit garde jalousement son poste de ministre, la Ld n’a pas eu la même chance, même s’il s’est consolé d’un poste de Secrétaire élu et membre du Bureau de l’Assemblée nationale avec son actuel Secrétaire général, Nicolas Ndiaye.

LES NOUVEAUX DEFIS TITANESQUES DEBBY 

Cependant, même si la coalition a su jusque-là déjouer les pronostics, depuis 2012, il n’en demeure pas moins que d’autres défis, et pas des moindres, se dressent en face d’elle. La toute première semble être relativement facile à franchir, à savoir le remaniement ministériel pressenti pour être celui d’une ouverture du gouvernement aux souteneurs de la dernière minute de la candidature de Macky Sall à la présidentielle dernière, mais aussi à une certaine opposition. Ce gouvernement d’union nationale ou gouvernement d’ouverture, c’est selon, suppose un «dégraissage» des alliés de la première heure pour faire de la place aux nouveaux arrivants. Voilà pourquoi, lors la conférence des Leaders de Bby, révèle «L’As» du lundi 14 septembre dernier, le président Sall aurait salué l’apport des nouveaux alliés en insistant sur le ralliement des partis politiques et des personnalités de grande envergure à sa cause, facilitant ainsi sa victoire sans bavure au premier tour de la présidentielle de 2019. Ce qui aurait comme conséquence un élargissement des forces dans la gestion de l’État, préparant ainsi ses alliés de Bby à d’éventuelles réductions des privilèges.

En tout état de cause, après juste la présidentielle de 2019, l’idée de la poursuite, jusqu’en 2024, du compagnonnage dans la coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby), devenue une Majorité présidentielle à la veille de la dernière présidentielle, faisait son petit bonhomme de chemin, avec des propositions qui fusaient au sein de ladite coalition. De la transformation de ladite mouvance en un grand parti à l’idée d’une direction politique unifiée, en passant par la nécessité d’une analyse froide, pour éviter que d’autres forces politiques prennent le pouvoir en 2024, les germes d’une longévité inédite de ladite mouvance se sont formés de jour en jour. Cependant, reste à déjouer le piège tabou du troisième mandat. Jusque là, même les alliés de Bby respectent le mot d’ordre donné par le chef de l’Etat, notamment d’éviter la question du mandat. L’allié Me Moussa Diop leader de Alternative générationnelle/ Ag Jotna, qui a fait fi de cette mise en garde, en a fait les frais. Mais, cela jusqu’à quand ? Ainsi donc, des questions se posent avec acuité. Macky Sall relèvera-t-il le challenge presque herculéen du troisième mandat ? Bby parviendra-t-elle à trouver un candidat consensuel en son sein ? Ce candidat, de quel parti politique proviendra-t-il ? Est-ce que les partis alliés accepteront de continuer à renoncer ce pour quoi un parti est créé, la quête du pouvoir ? Mystère et boule de gomme.

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