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Au Sénégal, le tabou du troisième mandat

par pierre Dieme
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En Afrique de l’Ouest, la question du nombre de mandats présidentiels est le sujet du moment. Mais entre ceux qui estiment que deux suffisent et ceux qui assurent que leur Constitution leur permet de rempiler, le Sénégal de Macky Sall tente une troisième voie : celle du « ni oui ni non ».

Il y a deux grandes écoles en Afrique de l’Ouest, en ce qui concerne le totem des deux mandats présidentiels, et toutes deux s’appuient sur des lectures différentes de ce que la Constitution de tel ou tel pays permet ou non. La première, celle du front qui dit « quand on refuse, on dit non », pour reprendre l’écrivain Ahmadou Kourouma, est celle des pays où les présidents de la République ont tenu mordicus à ne faire que deux mandats successifs. Le Niger et la Mauritanie sont dans ce cas.

Malgré les appels de ses partisans à se représenter pour une troisième fois consécutive, le Nigérien Mahamadou Issoufou a déclaré qu’il ne le ferait pas, faisant désigner un candidat au dauphinat par son parti en la personne de Mohamed Bazoum, ex-ministre de l’Intérieur qui s’est dégagé de son maroquin pour mieux se consacrer à la pré-campagne. En Mauritanie, Mohamed Ould Abdel Aziz a fait de même : il a tenu bon face à la tentation et poussé un successeur, l’actuel président Ghazouani. Il n’est d’ailleurs pas sûr que, si c’était à refaire, on l’y reprendrait, puisque Aziz est actuellement inquiété par la justice mauritanienne en raison d’une procédure pour présomption de crimes économiques et de haute trahison, dans laquelle son gendre est également cité.

Une « Der des Ter »

La deuxième grande école est celle qui refuse de faire de ce totem un tabou : celle des pays où les présidents soutiennent haut et fort que la Constitution, d’ailleurs souvent récemment révisée, leur permet de briguer une « Der des Ter ». Les deux cas emblématiques en Afrique de l’Ouest sont la Côte d’Ivoire et la Guinée. Dans ces deux pays, la révision constitutionnelle (respectivement en 2016 et en mars 2020) est supposée avoir « remis les compteurs à zéro ».

Le président guinéen Alpha Condé, malgré les violentes manifestations qui ont accompagné la révision de la Constitution, est plus à l’aise pour tenter de faire prévaloir cet argument. À Abidjan, où l’on compte déjà une dizaine de morts lors des violences pré-électorales depuis l’annonce de la candidature à un troisième mandat du président Alassane Ouattara, ce dernier est plus en peine de prouver qu’il est dans son bon droit, étant donné son revirement à 180 degrés entre mars et août, le tout agrémenté d’interprétations variantes de la Constitution. Après avoir dit qu’il se présenterait si les mammouths de sa génération (Bédié et Gbagbo) en faisaient autant, Ouattara avait décidé de passer le flambeau à « la jeune génération » en la personne de son Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly. Avant de se rétracter pour mieux se représenter, après le décès inopiné de ce dernier.

LE PRÉSIDENT SALL A DÉCRÉTÉ QU’IL INTERDISAIT À TOUS SES PARTISANS DE COMMENTER CETTE AFFAIRE DE TROISIÈME MANDAT.

Jeune Afrique

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