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mardi, avril 16, 2024
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Abdourahmane Diouf TĂȘte de turc ou bouc Ă©missaire ?

par pierre Dieme

Abdourahmane Diouf est de ceux qu’on dĂ©signe sous le vocable admiratif de “fort en thĂšme”. Une personne de valeur, de talent supĂ©rieur, chez qui prĂ©domine l’intellect, avec une rare capacitĂ© de rĂ©flexion-action. Dans un passĂ© encore rĂ©cent, les SĂ©nĂ©galais l’ont dĂ©couvert aux cĂŽtĂ©s d’Idrissa Seck, ferraillant Ă  tout vent. Le verbe prĂ©cis, l’expression Ă©lĂ©gante, l’argumentaire dĂ©clinĂ© avec pĂ©dagogie et chose rare chez les bretteurs de son envergure, respect absolu de ses adversaires. Idrissa qui l’avait fait venir pour appuyer sa campagne Ă©lectorale en 2012 ne s’y Ă©tait pas trompĂ©. Le ralliement du leader de Rewmi au candidat – qui qu’il soit-arrivĂ© au 2Ăšme tour face Ă  Wade, une fois Macky Sall au pouvoir, se concrĂ©tisera par des postes au gouvernement (2 ministĂšres) qu’occuperont Pape Diouf et Omar GuĂšye. Idrissa Seck, l’alliĂ© rĂ©calcitrant, dont Macky Sall venait de briser l’obsession onirique de devenir le 4Ăšme prĂ©sident du SĂ©nĂ©gal, finira par rompre les amarres avec celui dont il a Ă©tĂ© le mentor. Cette rupture emportera son sĂ©millant porte-parole et non moins directeur gĂ©nĂ©ral de la SociĂ©tĂ© d’Exploitation des Eaux du SĂ©nĂ©gal (Sonees), rĂ©duit Ă  rebondir dans un contexte d’hostilitĂ©s dĂ©clenchĂ©es par le leader de Rewmi qui apparemment, n’avait pas intĂ©grĂ© les soucis crĂ©Ă©s Ă  ses collaborateurs par son bras de fer avec Macky. Les deux ministres refuseront de suivre leur patron dans son Ă©chappĂ©e solitaire tandis que le directeur gĂ©nĂ©ral de la Sonees se retrouvera dĂ©fenestrĂ©. Celui qui avait tout sacrifiĂ© pour accompagner Idrissa Seck dans son parcours prĂ©sidentiel n’aura mĂȘme pas une once de la compensation promise par Idrissa Seck. Fidel et loyal, il remplira avec talent, brio et Ă©lĂ©gance les missions dont celui de porte-parole d’un leader devenu subitement taiseux et intrigant, de plus en plus reclus, brouillant tous les signaux aprĂšs avoir renoncĂ© aux piques assassines qu’il se dĂ©lectait de dĂ©cocher contre le PrĂ©sident, rapidement devenu sa bĂȘte noire. Au bout du bout, lassĂ© par ce thĂ©Ăątre d’ombres dont tout lui Ă©chappait, Ă  la suite de plusieurs soldats de Idy lĂąchĂ©s en rase compagne par le gĂ©nĂ©ralissime gĂ©ostationnaire, Abdourahme Diouf se rĂ©soudra Ă  prendre congĂ© de Rewmi et de la politique. Les dĂ©marcheurs du pouvoir en seront pour leurs frais car il balayera d’une main ferme les propositions mirobolantes qui lui seront faites par des personnalitĂ©s Ă©moustillĂ©es par l’idĂ©e de faire tomber un poids lourd issu du premier cercle de Idrissa Seck. Diouf, sans tambour ni trompette, retournera sur les bords du lac Leman, relancer ses activitĂ©s professionnelles en Europe mais aussi en Afrique, Ă  la grande joie de ses partenaires et de sa famille. Le recul ne durera pas longtemps. Le club des investisseurs portĂ© sur les fonts baptismaux par l’industriel Babacar Ngom et quelques amis cherche tĂȘte d’oeuf pour manager la nouvelle organisation que venait de quitter son premier secrĂ©taire exĂ©cutif, Moustapha Diagne, l’ancien et dernier ministre de l’Economie et des Finances du rĂ©gime du PrĂ©sident Abdou Diouf, “AlternĂ©â€ par Wade en l’an 2000, Diagne, homme discret et qualifiĂ©, est parti sur la pointe des pieds, en homme de paix et de compromis, sans coup fĂ©rir. S’ensuivit une intense communication entre Dakar et GenĂšve, Ă  la recherche de l’oiseau rare qui a fini par se laisser convaincre de remiser toutes ses activitĂ©s professionnelles et ses engagements en cours et de revenir au SĂ©nĂ©gal s’occuper du top management du CIS. Seulement, voilĂ , les fruits tiendront-ils la promesse des fleurs ? Rien n’est moins sĂ»r. Depuis deux ans qu’il existe, le Club ne s’est pas encore signalĂ© par un quelconque investissement connu des SĂ©nĂ©galais. Il perpĂ©tue la tradition de ses devanciĂšres en se bousculant au portillon des postulants Ă  la “gĂ©nĂ©rositĂ©â€ du pouvoir Ă  travers la commande publique et les appels d’offres biaisĂ©s, reconvertis en tour de table suite Ă  un intense lobbying. La faiblesse des contributions de la cinquantaine de membres, 10 millions par tĂȘte de pipe ne plaide pas en faveur d’une force de frappe crĂ©dible pour peser sur l’échiquier national. On aurait mieux compris qu’a sa premiĂšre sortie, au Palais de la RĂ©publique, que le club brandisse une cagnotte sous forme de fonds d’investissements d’au moins 10 milliards de F CFA au lieu de cette annonce du montant des cotisations de ses membres dont certains passent pour des milliardaires Ă  plusieurs zĂ©ros. D’ailleurs, ces premiĂšres cotisations une fois Ă©puisĂ©es, comment le club va-t-il fonctionner, respecter ses engagements vis-Ă -vis de ses partenaires dont le cabinet d’une vingtaine de professionnels et l’écosystĂšme logistique et relationnel facturĂ©s Ă  prĂšs de 200 millions annuels (masse salariale et charges d’environ 18 millions par mois) pour assurer toutes les taches, programmes et projets d’un Club dont les sociĂ©taires sont tous occupĂ©s ailleurs ? Des cotisations suffisent-elles Ă  donner du crĂ©dit Ă  un club d’investisseurs digne de ce nom ? Ces questions et bien d’autres chuchotĂ©es au sein et en dehors du club sont posĂ©es et Ă  rĂ©soudre si l’organisation veut se donner un nouveau dĂ©part. Un autre dĂ©part ? Abderrahmane Diouf, va-t-il tenir bon la rampe avec ces manoeuvres Ă  peine voilĂ©es, pour lui faire porter le chapeau de cette tentative d’instrumentalisation avortĂ©e en faveur d’intĂ©rĂȘts particuliers, qui le dĂ©signent comme bouc Ă©missaire, le cas Ă©chĂ©ant l’agneau du sacrifice ? En tout cas, il risque d’apprendre Ă  ses dĂ©pens, que si la politique n’est pas un dĂźner de gala, elle a au moins ses codes qu’il a appris Ă  maĂźtriser. Tout le contraire du maelstrom des affaires ou comme dit l’adage arabe : “ la main qu’on veut mais ne peut pas couper, il faut l’embrasser. Jusqu’à ce qu’on puisse la couper

” Le dernier communiquĂ© qui prĂ©tend annuler celui du 14 mai en un trait de plume, fruit d’un compromis a minima, bancal et peu crĂ©dible, est rĂ©vĂ©lateur du dĂ©sarroi qui s’est installĂ© dans les rangs du Cis. En rĂ©alitĂ© on a eu droit Ă  deux communiquĂ©s dans la journĂ©e. Un premier dĂ©nonce fermement et en des termes peu amĂšnes le communiquĂ© de soutien du Cis Ă  Akilee, bloquĂ© par le PrĂ©sident de l’organisation mais fuitĂ© dans la presse, probablement par son auteur. Tard dans la soirĂ©e on a eu droit Ă  un deuxiĂšme communiquĂ© laconique qui essaie de mĂ©nager la chĂšvre et le chou, de sauver maladroitement la face, face aux uns et aux autres, au risque de friser le ridicule.

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