vendredi, mars 29, 2024
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A son excellence, Macky Sall. : « A défaut de respecter le peuple, respectez au moins votre parole donnée devant DIEU. »

par pierre Dieme
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Excellence, permettez-moi, d’abord, d’entamer la présente en évoquant quelques citations illustratives de mes propos futurs.

« La parole donnée, signée devant le peuple doit être scrupuleusement respectée. » (Benoit HAMON, homme politique français

« Le Prophète Mahomet faisait toujours montre d’un égard scrupuleux envers ses engagements. » (Georges Bernard SHAW, Prix Nobel de littérature.

« Celui qui viole son serment, le viole a son détriment. » (Sourate 48 Verset 10

« Pourquoi vous ne faites pas ce que vous dites, c’est une abomination. » (Le Saint Coran

« L’homme qui viole sa parole est le pire des hommes. » (Proverbe africain

« Il faut de l’éthique et de la morale dans nos comportements; la politique, c’est aussi le respect de la parole donnée. » (Macky Sall Candidat en 2012.

Excellence, je me suis autorisé à évoquer ces quelques citations, des paroles pleines de sens et empreintes de sagesse, pour vous faire comprendre le caractère quasi sacré de la parole donnée qui, en aucun cas, ne doit souffrir d’une violation quelconque. Le non-respect de la parole donnée officiellement, publiquement et solennellement est d’autant plus grave s’il est, surtout, le fait d’une autorité morale ou politique, d’un chef qui doit incarner les vertus de sincérité, de loyauté, de vérité, d’éthique et de morale. Un vrai dirigeant doit inspirer la confiance et l’assurance.

Excellence, il y a plus d’un an, dans une de mes contributions, j’avais affirmé que vous présenterez votre candidature pour un troisième mandat auquel vous n’êtes point éligible ni juridiquement, ni politiquement, ni moralement, ni mathématiquement, ni religieusement. Sur ce dernier aspect, les Sénégalais ont compris l’appel lancé aux maitres des écoles coraniques; ce n’est rien de moins qu’une manœuvre destinée à solliciter l’onction religieuse, la caution morale dont vous avez besoin pour exciper de la légitimité de votre candidature. A l’époque j’avais décrit la stratégie que vous mettriez en place et qui, l’histoire me donne raison, est en train d’être déroulée.

Excellence, c’est dommage, regrettable et affligeant de constater pour le déplorer, que la scène politique est polluée par des comportements aux antipodes de ce qui aurait dû être un champ d’échange de civilités et d ‘idées, d’oppositions d’opinions, de propositions de projets de société, toutes choses soumises à l’appréciation des citoyens libres de leurs choix. Aujourd’hui, l’espace public est envahi par une faune de saltimbanques, de troubadours, de charlatans, de marchands d’illusions, d’impavides bonimenteurs et d’insulteurs patentés érigés en stars.

Excellence, pour vousaccompagner dans votre volonté d’imposer aux Sénégalais votre troisième candidature, vos partisans ont mis à contribution toute une faune immonde de transhumants, une horde de parasites et d’écornifleurs, une bande de lascars et tout un groupe d’hommes de corde et de sac, pour l’essentiel, des politiciens sans scrupules ni loi ni foi, prêts à toutes les compromissions, a toutes les bassesses, a tous les reniements et a toutes les pratiques les plus malsaines, les plus indécentes et plus ignobles. Ont, également été mis à contribution des intellectuels dont la densité cognitive admirable était unanimement reconnue mais qui, capturés par la vénalité ambiante, ont renié leur liberté de pensée ainsi que leur esprit critique contre des valeurs matérielles; des patrons de presse corrompus, englués dans la mélasse des affaires nébuleuses; des idéologues  révolutionnaires, jadis engagés auprès du peuple ,mais aujourd’hui  défroqués, renonçant totalement à leurs convictions originelles d’antan; des journalistes vendus; une société civile en perte de vitesse et de repère dont certains membres sont arrimés au pouvoir et des marabouts stipendiés soucieux de conserver leurs rentes et leurs avantages aux antipodes des enseignements du Coran. Le Mahatma GHANDI disait que « Pour se rapprocher de DIEU, il faut se débarrasser de ses passions et de ses possessions »; c’est tout le contraire chez certains de nos guides religieux qui, noyés dans une concupiscence effrénée, font du luxe et de la luxure un viatique et qui, dans leurs prêches, veulent nous croire que notre sort est un fatum que nous devons accepter avec résignation.

Excellence, depuis un certain temps vos sbires attitrés ont envahi, de manière intempestive et surtout coordonnée, les plateaux de télévision, les studios de radio et les pages des journaux pour, non seulement essayer de redresser votre cote de popularité qui se trouve à un aussi bas niveau jamais atteint par un Président sénégalais, mais aussi, surtout et par-dessus tout, faire accepter aux populations, à travers une vulgate spécieuse et une rhétorique pernicieuse, la légitimité de votre candidature juridiquement, constitutionnellement, moralement, mathématiquement, socialement et religieusement impossible. Ces séides, en tout genre, qui s’érigent en porte-voix, en agents de promotion politique et en répondeurs automatiques contre rémunérations en espèce ou en nature, se recrutent dans tous les segments de la société. Le trait commun, la caractéristique principale de vos séides, sbires et autres zélés défenseurs de votre troisième candidature, c’est qu’ils usent tous d’un langage prosaïque de très bas niveau pour ne pas dire ordurier, même ceux qui sont censés avoir un niveau d’instruction appréciable.

Excellence, le spectre de recrutement de ces préposés à cette besogne déshonorante est vaste et très varié; on y trouve d’anciens parlementaires en mal de légitimité, passant tout leur temps à jacasser et suscitant toujours des polémiques nauséeuses, d’anciens fonctionnaires qui sont à mille lieues d’avoir été des parangons de vertu dans l’exercice de leurs fonctions; certains, dont les populations ignorent les frasques et écarts de conduite, ont toujours fait fi de toute éthique dans leur manière de servir. On y trouve de petites gens insignifiantes, de vrais minus habens ignares sans culture ni instruction dont la seule qualité est d’avoir l’insulte à la bouche et d’agonir d’injures les opposants à votre troisième candidature. On y trouve des insulteurs publics et des femmes peu recommandables qui, malheureusement, trouvent grâce à vos yeux. S’y ajoutent tous ces cadres qui, aujourd’hui, après avoir embouché la trompette de la limitation des mandats a deux, se dédisent sans honte ni vergogne pour soutenir par des explications filandreuses que vous avez droit à une troisième candidature. Ces cadres dont d’anciens ministres, de très proches collaborateurs, ont ainsi ravalé leurs vomissures faisant montre d’une indignité dix fois moindre que celle d’un rat d’égout.

Excellence, c’est vous-même qui aviez dit aux Sénégalais quevous avez fait voter la révision constitutionnelle, notamment l’article 27 de la constitution, pour définitivement mettre un terme à la sempiternelle question, au récurrent débat sur le troisième mandat. Il est clairement stipulé dans cet article que « Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. » IL est bon de préciser qu’il s’agit de la Constitution en vigueur dans notre pays. Ce n’est plus une affaire juridique, c’est une affaire de français facile à comprendre même par le plus cancre des élevés de l’élémentaire. NUL est un pronom indéfini qui a le sens de personne; donc, personne, vous y compris, ne peut prétendre à un troisième mandat. Un MANDAT est un contrat unilatéral par lequel une personne, le mandant (ici le peuple sénégalais, donne à une autre le mandataire (vous le Président Macky Sall , le pouvoir de la représenter pour accomplir des actes, notamment à caractère juridique; c’est sur la base du mandat que le peuple vous a donné, qu’en votre qualité de Président de la République, vous signez les décrets, les conventions, les prêts et tous autres actes. CONECUTIFS, c’est-à-dire qui se succèdent immédiatement dans le temps ou l’espace sans interruption. Il y a une petite nuance par rapport à successifs ou l’on peut envisager un intervalle si tenu soit-il. Ainsi, de 2012 à 2019, vous avez exercé votre premier mandat suivi immédiatement du second mandat sans aucune interruption pour n’avoir pas quitté le palais. Pour justifier l’absence de déclaration de patrimoine de votre part, vos partisans n’avaient-ils pas excipé de la continuité de votre séjour au palais?

Excellence, lors de votre campagne en vue de la présidentiellede 2019, vous aviez dit aux Sénégalais que vous en étiez à votre premier mandat et que vous les sollicitiez pour qu’ils vous renouvellent leur confiance pour ce qui sera votre second et dernier mandat. Vous leur avez solennellement promis que jamais ils ne vous entendront évoquer un troisième mandat? A la page 165 de votre livre ou plutôt de votre navet intitulé « Le Sénégal au cœur… », vous avez clairement et très expressément affirmé que si vous êtes réélu vous en serez à votre second et dernier mandat. Second et deuxième sont des synonymes parfaits; seulement la règle communément admise et partagée, mais pas consacrée par l’Académie française, est d’écrire second lorsqu’il n’y a que deux éléments et pas de troisième dans l’énumération. Comme il est aisé de le constater, l’emploi du terme second a lui tout seul suffit pour clore le débat et indiquer clairement que vous ne pouvez pas prétendre à une troisième candidature. On peut considérer cela comme un premier verrouillage.

Mais qui plus est, vous avez ajouté que ce sera votre dernier mandat; dernier signifie qui vient après les autres dans le temps ou le rang. Cela veut dire plus rien d’autre après le dernier. Ici aussi, l’emploi du vocable dernier tout seul suffit pour clore le débat et indiquer que vous ne pouvez pas prétendre à un troisième mandat; on peut considérer cela comme un deuxième verrouillage.

Excellence, comme cela a été si facilement démontré, c’est vous-même qui, par vos écrits et à travers vos différents discours, engagements et autres promesses, et les supports sont là pour en attester, avez verrouillé à double tour la porte d’une troisième candidature. Un double verrouillage qui n’offre aucune échappatoire; et toute tentative de passage en force sera et devra être considérée comme une tentative d’effraction institutionnelle relevant du grand banditisme politique. Il est bon de préciser qu’il n’a jamais été question de durée de mandat, mais de nombre de mandats. Vos thuriféraires s’échinent dans et par une rhétorique des plus spécieux dignes des maitres du sophisme à vouloir convaincre les Sénégalais de la légitimité de votre troisième candidature en évoquant un deuxième quinquennat. C’est une argutie qu’il faut déconstruire pace que ne reposant sur aucun argumentaire valable. Nulle part dans la constitution il est question de septennat ou de quinquennat; la durée est une séquence temporelle qui n’a rien à avoir avec le nombre qui relève d’une logique mathématique.

Excellence, vous avez déclaré moult fois, à maintes reprises urbi et orbi que vous avez introduit l’article 27 pour mettre définitivement mettre un terme au sempiternel débat sur le troisième mandat qui a fait couler beaucoup de sang. L’article 27 comporte deux alinéas qui n’ont aucun lien logique, le deuxième alinéa pouvant constituer un article a part. La séparation par une virgule ou un point-virgule aurait pu être mis à profit par des esprits malicieux. Quel que soit l’angle envisagé, rien, absolument, rien ne peut, un tant soit peu, vous permettre d’envisager une troisième candidature. Tant du point de vue contextuel que du point de vue téléologique, le bannissement du troisième mandat s’impose comme une demande sociale impérative dont vous avez été l’un des hérauts les plus engagés voire les plus zélés, vous ayant même conduit à vous lester ostensiblement d’un « mer gaddu », un matelas mousse de fine épaisseur pour exprimer votre détermination.

Excellence, au nom de quels valeurs, principes et règles et au nom de quelle éthique, de quelle morale oseriez-vous faire une abjuration, un parjure et un désengagement par rapport à la troisième candidature? Que faites-vous de la parole donnée? Il est souvent dit sous formes de boutade, qui n’est qu’un trait d’esprit, un propos plaisantin, que « que les principes sont faits pour être foulés au pied » ou « que les promesses n’engagent que ceux qui y croient ». Seulement, j’ai la désagréable impression, je peux me tromper, que vous vous êtes approprié ces deux boutades pour les ériger en éléments paradigmatiques de votre magistère. Vos paroles, les actions que vous menez et les actes que vous posez semblent s’y référer de manière constante. Il est bon de vous rappeler que vous êtes le Président de la République du Sénégal, un extraordinaire et exceptionnel privilège qu’ALLAH Le Tout Puissant vous a accordé alors que n’êtes ni le plus beau, ni le plus instruit, ni le plus intelligent encore moins de meilleure naissance que le reste de vos compatriotes.

Excellence, vous ne semblez pas mesurer ni prendre conscience de la valeur de votre statut, de l’éminence, de la grandeur et de la majesté qui se rattachent à vos fonctions. Vous êtes un chef, une autorité morale aux pouvoirs exorbitants. Dans les pays africains, notamment au Sénégal, pays de tradition et profondément religieux, l’imaginaire populaire considère que le pouvoir est d’essence divine, c’est pourquoi son titulaire et dépositaire apparait aux yeux des populations comme un être exceptionnel, représentant de Dieu sur terre, par conséquent, parfait et paré de toutes les qualités, de toutes les vertus et, qu’à ce titre, sa parole ne peut qu’être véridique et sacrée. Un chef ne peut que dire la vérité, honorer ses engagements et respecter sa parole.

Excellence, la très grande majorité de vos compatriotes, se désole de votre tendance, de votre penchant et de votre propension à frayer avec des énergumènes peu recommandables aussi bien sur le plan international qu’au niveau national. Vous avez osé faire ce qui était impensable, inimaginable, inconcevable et inadmissible avec aucun de vos prédécesseurs; recevoir un traitre, un scélérat de l’acabit de Djibril Ngom, ouvrir les portails majestueux  du palais de la République a une mégère qui menait une vie dissolue et débridée aux États Unis et honorer un insulteur public qui a agoni d’injures publiquement vos braves et défunts parents dont les énormes sacrifices et les prières exaucées par Allah Le Tout Puissant vous ont permis d’accéder à la magistrature suprême de notre République.  La présence de tels individus à vos côtés et au palais constitue pour beaucoup de Sénégalais un affront, une offense insupportable. Le palais de la République est un sanctuaire, c’est le siège de la souveraineté nationale et le lieu de représentation de la légitimité populaire dont l’accès ne point être à la portée de n’importe quel minus habens. J’ai de tout temps dénoncé votre désinvolture dans la gestion des affaires publiques; un Président de la République, c’est une posture, ne l’est qui veut. Il doit incarner la sagesse, la responsabilité, la dignité et l’honneur.

Excellence, s’il y a un fait qui dérange au plus haut point les Sénégalais, c’est votre silence assourdissant que d’aucuns qualifieraient de coupable ou de complice, mais que je taxerais  à la fois de complaisant et d’inquiétant, devant les multiples appels au meurtre de vos partisans zélés qui s’érigent en remparts pour défendre votre troisième candidature. Un de vos griots attitrés, Khadim Samb, ne vous a-t-il pas demandé d’emprisonner et de tuer?  Votre allié et ami, Dembouru Sow, n’a-t-il pas demandé à ses parents de s’armer de machettes pour décapiter toute personne qui s’opposerait à votre candidature? Le flibustier Moustapha Diakhaté n’a-t-il pas exigé l’arrestation, morts ou vifs, de deux députés de l’opposition? Le député Matar Diop n’a-t-il pas demandé au ministre de l’Intérieur de trouver des cordes et des chaines pour attacher les opposants au régime et les jeter en pâture aux requins? Le sulfureux et tumultueux député socialiste Cheikh Seck, qui a vendu ses convictions idéologiques et son âme au diable, n’a-t-il pas menacé de marcher sur nos cadavres pour vous maintenir au pouvoir en 2024?  Ce député socialiste, devenu un héraut inconditionnel des mandats illimités, doit se le tenir pour dit, qu’a l’heure du bilan macabre, son cadavre pourrait figurer aux premiers décomptes. Quant au cintré Suzanne Camara; dont la santé mentale, caractérisée par une instabilité et un désordre psychologique, résulterait d’une grave pathologie qui le rend acariâtre, il a publiquement appelé au meurtre de Ousmane Sonko. Le coagulant qui réunit et unit toute ce ramassis de potentiels assassins et de sicaires haineux réside dans leur soif de sang frais et surtout juvénile. Votre régime s’est installé après que quinze personnes dont Mamadou DIOP ont été tués; au cours de votre magistère, au mois de mars 2021, quatorze personnes sont mortes et votre troisième candidature pourrait en provoquer davantage. N’est-il pas temps de mettre un terme à cette effusion de sang, a ce carnage?

Excellence, le peuple sénégalais, ce vaillant et brave peuple qui vous aura tout donné, qui aura tout accepté, tout toléré stoïquement et dans une résilience extraordinaire et qui aura consenti tous les sacrifices nécessaires, ce peuple, dise-je, ne vous demande qu’une seule chose, très simple et très facile, le respect strict de votre parole qui a une double valeur constitutionnelle et morale. Mais contrairement a ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas évident pour quelqu’un dont la parole est pathologiquement instable comme le disait votre ami Idrissa Seck. Cette doléance populaire doit constituer pour vous une véritable épreuve, un exercice difficile; vous dont le magistère est émaillé de promesses non tenues, truffé d’engagements non respectés et d’abjurations à foison. N’écoutez pas ces appels méphitiques et ces voix méphistophéliques qui vous poussent au reniement et qui, en réalité, ne s’élèvent que pour la préservation de leurs intérêts égoïstes et personnels, leurs rentes politiques. Ces corbeaux , ces hideux personnages veulent vous entrainer dans une aventure aux conséquences dramatiques pour vous et catastrophiques pour le pays.

Excellence, vous semblez ne pas mesurer les limites de vos fonctions présidentielles. Votre pouvoir n’est ni absolu ni personnel encore moins individuel. Vous êtes, dit-on, la clé de voute des institutions, le Chef suprême des armées et le Président du conseil supérieur de la magistrature; vous nommez  à tous les emplois civils et militaires. Seulement, il y a bien et fort lieu de le préciser, toutes ces prérogatives sont exercées au nom du peuple sénégalais qui vous a délégué simplement, provisoirement et à titre précaire et révocable, son pouvoir légitime dont il est le seul et exclusif détenteur. On pourrait considérer que vous n’êtes qu’un simple mandataire, un serviteur, d’aucune diront un esclave du peuple. Aussi me parait il inélégant voire incongru de votre part de déclarer, comme vous l’avez fait récemment, que la décision de briguer un troisième mandat relevé de votre seule volonté. Certes, votre voix compte mais elle ne saurait prévaloir ni être prépondérante sur celle du peuple qui s’est exprimée à travers la Constitution, notre charte fondamentale qui stipule sans ambages, de manière claire, précise et nette que « Nul ne peut exercer plus deux mandats consécutifs. »

Excellence, en séjour aux États Unis, pays ou la démocratie s’exerce pleinement, ou la limitation des mandats fixée a deux est consacrée et ou certains principes et règles n’ont guère besoin d’être écrits, vous avez dit que le débat juridique ne se pose pas par rapport à votre troisième candidature. Effectivement ce débat ne devrait pas avoir lieu et comme l’a dit l’ancien premier ministre Aminata Touré, c’est un problème réglé au Sénégal par les dispositions claires de la constitution qui vous rend inéligible pour la prochaine élection présidentielle. Seulement, au-delà du juridique, il s’agit d’un problème relevant de l’éthique et de la morale qui se résume à cette simple question; un Président de la République qui a, solennellement et publiquement donnée sa parole, peut-il la violer allègrement, sciemment, consciemment et volontairement?

Excellence, vous n’avez nullement le droit, veuillez souffrir mon impertinence, d’installer le pays dans une atmosphère délétère et vicieuse faite de supputations, de conjectures, d’affabulations, d’hypothèses, d’incertitudes, de vaticinations et de devinettes. Un Président de la république ne doit point, par un silence sciemment entretenu, instiller le doute dans l’esprit de ses concitoyens qui ont légitimement le droit de connaitre ses véritables intentions, ses desseins et ses projets d’autant qu’il agit en leur nom, tout comme il a une obligation et un devoir de clarté, de transparence et de reddition des comptes a leur endroit. Un jour viendra où, a l’instar de vos devanciers, vous quitterez le palais pour de bon et restituerez tous les attributs présidentiels. Pour, tout simplement, dire que le pouvoir de l’homme et éphémère et fugace; aussi appartient il a celui qui en est doté de le comprendre et d’agir en conséquence afin de laisser à la postérité un legs positif qui sera apprécié à sa juste valeur.

Excellence, par dignité, par fierté et par amour propre, pour l’honneur de votre postérité et pour le respect du peule sénégalais, n’abjurez pas au sujet du troisième mandat. Respectez votre parole. Et j’espère du fonds du cœur que vous écouterez la voix de la sagesse qui vous indiquera la voie raisonnable et salvatrice à suivre pour le bonheur de votre peuple.

REFUSEZ QUE VOS MAINS SOIENT INDELEBILEMENT MACULEES ET VOTRE CONSCIENCE LOURDEMENT LESTEE DU SANG D’INNOCENTS COMPATRIOTES QUI N’AURONT EU QUE LE TORT D’EXIGER LE RESPECT DE LA CONSTITUTION.

           LE POUVOIR AU PEUPLE. TERMINUS 2024.

Dakar le 15 Décembre 2022.                              

  Boubacar   SADIO

  Commissaire divisionnaire de police de classe exceptionnelle à la retraite.

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