Réuni le vendredi 22 août 2025 à la Primature, le Conseil interministériel sur la Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal (SONACOS SA) a débouché sur l’adoption de quatorze mesures destinées à assurer la relance de cette entreprise publique jugée stratégique. Le Premier ministre Ousmane Sonko, présidant la rencontre en présence de plusieurs ministres et du directeur général de la société, a insisté sur l’urgence d’un plan de redressement après des années de difficultés financières et opérationnelles.
Depuis sa reprise par l’État après l’échec de la privatisation, la SONACOS a bénéficié de soutiens financiers massifs. « Entre 2018 et 2023, l’État a injecté plus de 140,2 milliards de FCFA, notamment pour la subvention du prix de l’arachide, le remboursement de dettes et la recapitalisation à hauteur de 65 milliards en 2019. Malgré ces appuis, les exercices 2023 et 2024 ont enregistré des pertes cumulées de 33,03 milliards de FCFA, entraînant des capitaux propres négatifs de 9,5 milliards », a souligné la Primature. Une situation jugée « critique » par les autorités. Ce, d’autant que la déstructuration de la filière arachidière expose les huiliers nationaux à la concurrence étrangère et à l’exportation massive des meilleures graines.
Face à cette impasse, Ousmane Sonko a édicté quatorze (14) décisions phares. La première concerne la reconstitution des fonds propres de la SONACOS, à travers une mobilisation coordonnée des ministères des Finances et de l’Agriculture. La deuxième impose la mise à jour du plan stratégique 2026-2031 assorti de contrats de performance à finaliser avant décembre 2025. Sur le volet prix, « l’État prendra en charge la différence entre le prix payé aux producteurs et le prix économique, pour un montant de 9,04 milliards FCFA, inscrit dans la loi de finances 2026. »
Le Premier ministre a également demandé « des allègements fiscaux et douaniersafin de renforcer la compétitivité de la société, ainsi qu’un appui du ministère du Commerce pour que la SONACOS joue pleinement son rôle dans la régulation du marché de l’huile, un produit sensible pour le pouvoir d’achat. » La compétitivité des tourteaux d’arachide doit aussi être protégée face aux importations par une politique de quotas et une révision des droits d’entrée.
L’accompagnement institutionnel a été présenté comme une priorité, avec des instructions pour faciliter les licences, autorisations et financements nécessaires aux projets de la société. Le plan d’investissement « devra être soutenu par les bailleurs de fonds, tandis que des financements adaptés seront recherchés pour les campagnes de commercialisation agricole. La question du code des marchés publics, souvent jugé contraignant, sera examinée afin de permettre plus de souplesse dans les opérations industrielles. De même, une révision du code des investissements est envisagée pour appuyer le renouvellement des infrastructures et équipements. »
Dans le secteur agricole, la SONACOS bénéficiera « d’un accès facilité au foncier et d’une meilleure coordination avec les agences et programmes publics, notamment pour la production de semences et de palmiers à huile. La régulation de la filière arachide sera renforcée, notamment par une surveillance accrue des exportations afin de garantir les volumes nécessaires à la collecte locale. » Enfin, « un mécanisme de suivi sera mis en place, avec la désignation de points focaux dans les ministères concernés et une coordination assurée par le Secrétariat général du gouvernement. »
L’ambition est de remettre la SONACOS sur les rails pour qu’elle joue son rôle central dans la souveraineté alimentaire et la transformation industrielle du pays. À l’horizon 2031, la société devra être en mesure de financer elle-même ses campagnes de commercialisation et de verser des dividendes à ses actionnaires. Après avoir relancé la collecte des graines, passée de 12 900 à 155 000 tonnes lors de la campagne 2024-2025, et remis en activité ses usines avec plus de 2 300 emplois créés, la SONACOS est désormais face à un nouveau défi. Celle de transformer les quatorze mesures annoncées en résultats tangibles.
Ndeye Fatou Touré