Covid-19 : les entreprises et les ménages sous haute tension

par Dakar Matin

L’état d’urgence assorti d’un couvre-feu pris en ce début janvier, le second du genre après celui de mars dernier qui a pris fin en juin 2020, va avoir, pour conséquence, de mettre à genou l’économie sénégalaise comme celle de la plupart des pays du monde.

Et dans cette situation, les plus impactés seront les entreprises et les ménages.

Basée sur un secteur privé largement dominant, avec 97% de création d’emploi selon une étude de la Banque mondiale, l’économie sénégalaise est en train de subir les contrecoups d’un semi-confinement dans les villes de Dakar et de Thiès.

Ainsi, il faudra revoir toutes nos prévisions à la baisse. Aussi bien au niveau macroéconomique qu’au niveau microéconomique.

Le plus dramatique, c’est que de nombreuses entreprises sont largement affectées par la diminution des heures de travail, la restriction des activités, la mise d’une bonne partie de leurs personnels en chômage technique et, naturellement, la baisse des chiffres d’affaires.

Une situation difficile qui met à genou de nombreux ménages là où les charges liées à l’électricité, à l’eau et au gaz n’ont pas du tout diminuées comme durant la première vague.

Il se trouve, aujourd’hui, qu’aucune aide venant des autorités n’est encore envisagée. Et il n’est pas sûr que l’Etat soit dans cette dynamique, étant étendu qu’il sera extrêmement difficile de mobiliser, une deuxième fois, des fonds au niveau interne et international.

D’ailleurs, les mille milliards déjà mobilisés, selon les autorités, n’ont pas fait l’objet d’un audit exhaustif malgré l’existence d’une commission dirigée par le Général Ndiaye.

Malheureusement, ce qui inquiète le plus, c’est que la pandémie va encore perdurer pendant un bon moment, pour ne pas dire longtemps.

Pis, nous sommes loin de maitriser un virus qui est en train d’amorcer sa mutation dans de nombreux pays en Europe mais aussi en Afrique.

Les vaccins sont actuellement opérationnels, mais en des quantités encore insuffisantes, selon des protocoles qui ne permettent pas sa mise à disposition pour de nombreux pays africains comme le nôtre.

A cela, s’ajoutent les infox sur le virus et les vaccins qui rendent la riposte très difficile.

Pendant ce temps, nous perdons beaucoup de nos concitoyens, notamment des hommes et des femmes de valeur, souvent emportés par la maladie.

Et le tout, dans un climat généralisé de relâchement malgré certaines mesures barrières qui sont réactivées ainsi que l’augmentation de l’autorité de l’Etat et de l’administration de commandement à travers la nouvelle mouture de la 69.

C’est dire que tous les signaux sont au rouge et que la situation est loin de connaître une accalmie.

C’est pourquoi, il nous faudra user de nos capacités d’anticipation, de notre génie à faire face à l’adversité la plus tenace dans l’unité et la cohésion nationale autour de l’objectif commun.

Pour commencer, il faudra éviter tout sujet qui distrait les sénégalais et créer les conditions d’une alerte maximale des masses, ce qui est loin d’être le cas.

La stratégie de la communication autour de la riposte doit être revue et améliorée.

L’attention doit davantage porter sur la pandémie que nous avons souvent tendance à oublier en parlant, par exemple, de disparition de la ville, d’emprisonnement de lanceurs d’alerte, de financement de partis, etc.

Tous ces sujets sont importants, mais insignifiants, face à un danger de mort qui emporte, chaque jour, beaucoup de nos concitoyens.

Pour ce faire, l’Etat qui dirige les opérations doit éviter tout sujet qui, consciemment ou inconsciemment, contribue à distraire les sénégalais.

La concentration autour du virus et de ses effets doit être telle qu’aucune place ne doit être réservée aux batailles politiques partisanes, aux manifestations pour les libertés, etc.

Car, face à un risque de paupérisation grave des populations et à un danger de mort réel, tous les sujets soulevés ces dernières semaines ne sont rien d’autre que l’expression la criarde d’un relâchement y compris au plus haut niveau.

Or, il faudra rappeler aux uns et aux autres qu’il n’y a rien de plus important que la communication non-verbale. C’est donc par leurs attitudes que les autorités arriveront à faire prendre conscience de la gravité de l’heure et à mobiliser tout le monde autour de l’essentiel.

Assane Samb

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