Plusieurs politiques ont été initiées par l’Etat du Sénégal et soutenues par l’Union européenne (Ue) pour lutter contre l’immigration irrégulière. Des financements ont été octroyés pour endiguer le phénomène. Mais il perdure, des jeunes continuent à braver l’océan Atlantique pour rejoindre les côtes européennes, au risque de leur vie.
Les vagues de départ vers l’Europe continuent. Des pirogues chargées de migrants sénégalais et ouest africains ayant pris départ sur les côtes sénégalaises continuent d’arriver en Espagne. Au moins, 738 Sénégalais seraient arrivés en Espagne entre le 6 et le 8 novembre, selon Helena Maleno Garzon, la fondatrice du Collectif Caminando Fronteras. Elle souligne que deux (2) pirogues venues du Sénégal sont arrivées à Tenerife le 7 novembre, avec à bord 271 passagers. Le même jour, deux (2) autres embarcations ont débarqué à Gran Canaria, avec 111 migrants ; et à El Hierro 154 ont été dénombrés. Les morts en mer se comptent par centaines.
Et pourtant, d’importantes sommes d’argent ont été mobilisées et injectées dans la lutte contre l’immigration irrégulière. Le Sénégal, un des pays qui travaillent avec l’Union européenne, dans le cadre du Frontex, reçoit un soutien financier et matériel pour limiter l’immigration irrégulière, à défaut de l’arrêter. N’empêche, les jeunes parviennent toujours à tromper la vigilance des patrouilles mobilisées pour aller à l’aventure. Si certains arrivent à destination, d’autres perdent la vie pendant le voyage.
Et pourtant, le Frontex n’est pas le seul outil développé pour contrer les velléités. Des politiques mises en place ont été nombreuses, les rencontres de coordination de la lutte aussi. D’importantes sommes d’argent sont débloquées à cet effet. Mais le constat est effarent : il n’y a pas d’avancées significatives. Pis, la situation actuelle rappelle les années 2005 et 2006 marquées par des départs et des pertes en vies humaines massives de migrants sur les routes de l’Europe, via l’océan Atlantique. Les 11 et 12 novembre 2015 a eu lieu le sommet de la Valette, à Malte, sur l’immigration irrégulière. Le Sénégal y avait pris part. Les dirigeants des pays européens et africains s’étaient accordés à s’attaquer aux causes profondes de la migration irrégulière et des déplacements forcés de populations.
Mieux, ils s’étaient aussi entendus à intensifier la coopération sur les migrations et la mobilité légales et renforcer la protection des migrants et des demandeurs d’asile ; prévenir la migration irrégulière, le trafic de migrants et la traite des êtres humains et de lutter contre ces phénomènes. Ils avaient aussi manifesté le désir de coopérer plus étroitement pour améliorer la coopération en matière de retour, de réadmission et de réintégration.
2 MILLIARDS D’EUROS, SOIT ENVIRON 1310 MILLIARDS DE F CFA, VERSES AU SENEGAL DEPUIS 2007
Le fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique a été lancé lors de ce sommet. Il est destiné à la stabilité et à la lutte contre les causes profondes de la migration irrégulière et du phénomène des personnes déplacées en Afrique. Il devrait aussi permettre un financement supplémentaire pour contribuer à la mise en œuvre du plan d’action. En octobre 2019, un communiqué de l’Ue annonçait que le Sénégal a bénéficié du fonds fiduciaire d’urgence pour la stabilité et la lutte contre les causes profondes de la migration irrégulière et des personnes déplacées en Afrique. Il vise à accompagner les jeunes dans la création d’emplois générateurs de revenus. En novembre 2019, lors d’une visite à Dakar, Edouard Philippe, l’ancien Premier ministre français, avait annoncé qu’environ 2 milliards d’euros (environ 1310 milliards de F CFA) ont été distribués au Sénégal depuis 2007, des efforts dont il juge qu’ils doivent produire des résultats sur l’immigration irrégulière. La somme est issue de l’aide publique au développement.
Fatou NDIAYE