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mercredi, avril 24, 2024
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Accueil A la Une 𝐀𝐮 𝐒𝐞́𝐧𝐞́𝐠𝐚𝐥, 𝐝𝐞𝐬 𝐧𝐞𝐫𝐯𝐢𝐬 𝐚𝐫𝐦𝐞́𝐬 𝐚𝐮𝐱 𝐜𝐨̂𝐭𝐞́𝐬 𝐝𝐞𝐬 𝐟𝐨𝐫𝐜𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐬𝐞́𝐜𝐮𝐫𝐢𝐭𝐞́ ?

𝐀𝐮 𝐒𝐞́𝐧𝐞́𝐠𝐚𝐥, 𝐝𝐞𝐬 𝐧𝐞𝐫𝐯𝐢𝐬 𝐚𝐫𝐦𝐞́𝐬 𝐚𝐮𝐱 𝐜𝐨̂𝐭𝐞́𝐬 𝐝𝐞𝐬 𝐟𝐨𝐫𝐜𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐬𝐞́𝐜𝐮𝐫𝐢𝐭𝐞́ ?

par pierre Dieme

La police nationale a accusé des « civils armés » de se battre aux côtés des manifestants lors des heurts qui ont suivi la condamnation d’Ousmane Sonko. Des images prouvent pourtant que certains d’entre eux évoluent aux côtés des forces de l’ordre.
Dans la bataille de la communication, c’est un premier flop pour l’État sénégalais. Lors d’une conférence de presse convoquée le 4 juin par la police nationale, le commissaire Mouhamed Gueye a diff usé des images sur lesquelles on distingue des personnes équipées de fusils automatiques. Des « civils armés » qui auraient, selon lui, infiltré les manifestants.
𝐀𝐩𝐫𝐞̀𝐬 𝐥𝐞 𝐯𝐞𝐫𝐝𝐢𝐜𝐭, 𝐪𝐮𝐞𝐥𝐥𝐞𝐬 𝐨𝐩𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐎𝐮𝐬𝐦𝐚𝐧𝐞 𝐒𝐨𝐧𝐤𝐨 ?
Sur la vidéo, des hommes courent sur l’autoroute des armes à la main, alors que de violents aff rontements ont éclaté à Dakar après la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison (ils ont fait au moins 16 morts et plus de 350 blessés) . Le commissaire Gueye attire ensuite l’attention des journalistes sur un homme vêtu d’un tee-shirt rouge. Il se tient debout dans la rue, une arme à la main tire – la cible est hors du champ de la caméra – tandis qu’un homme à ses côtés lance une pierre dans la même direction.
« Sur cet enregistrement on voit un homme avec une arme de guerre. Il sait ce qu’il fait, il maîtrise son arme. On voit qu’il a infi ltré lesmanifestants », décrit le commissaire. « Ce sont ces gens qui tirent sur la population, et qui font des dégâts », ajoute-t-il, avant de réaffirmer que « les forces de défense et de sécurité [FDS] sont là pour protéger [les habitants] ».
𝐕𝐢𝐝𝐞́𝐨 𝐭𝐫𝐨𝐧𝐪𝐮𝐞́𝐞
La vidéo diffusée par la police s’arrête là. Mais la séquence – non coupée – a fait ces dernières heures le tour des réseaux sociaux. On y voit le même homme, effectivement armé et accompagné de plusieurs acolytes. Les images montrent qu’ils sont suivis de près par un pick-up blanc dans lequel plusieurs membres des force de l’ordre ont pris place, reconnaissables à leurs équipements et à leurs uniformes. Le véhicule les suit pas à pas, sans manifester aucune intention d’interpeller l’homme au tee-shirt rouge. D’autres vidéos, elles aussi très relayées sur les réseaux sociaux, permettent d’identifier ce même homme à l’intérieur d’un pick-up, aux côtés des FDS.
La police sénégalaise a également diffusé hier une photo d’armes disposées sur une table, dont des machettes et des cocktails molotov. En vérité, cette photo avait déjà été publiée le 23 mai par Doudou Ka, un responsable du parti au pouvoir, qui était d’ailleurs l’adversaire d’Ousmane Sonko lors des élections locales de janvier 2022 à Ziguinchor. Dans un tweet encore en ligne, il évoquait une attaque perpétrée contre son domicile… il y a plus de deux semaines.
De quoi mettre à mal le discours du gouvernement, qui dénonçait samedi 3 juin par le biais du ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, laprésence de « forces occultes » infl uencées par l’étranger parmi les manifestants. « L’objectif [de ces casseurs] est de faire arrêter l’activité économique et de plonger le pays dans le chaos, dénonçait alors le ministre. Dans leur grande majorité, les manifestants ne sont pas là pour exprimer une position politique. »
De nombreux témoignages font pourtant état de la présence de nervis armés aux côtés des forces de l’ordre. Cela avait déjà été le cas lors deviolences de mars 2021, qui avaient causé la mort de 14 personnes à travers le pays.
𝐃𝐞𝐬 𝐧𝐞𝐫𝐯𝐢𝐬 « 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐭𝐞𝐫𝐫𝐨𝐫𝐢𝐬𝐞𝐫 𝐥𝐚 𝐩𝐨𝐩𝐮𝐥𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 »
S’il semble diffi cile à ce stade d’évaluer précisément le nombre de ces hommes en civils qui tirent sur les manifestants et leur lien exact avecles forces de l’ordre, de nombreuses images permettent néanmoins de documenter leur présence auprès des FDS. « C’est ahurissant qu’ils aient choisi de diffuser une vidéo qui était à ce point susceptible de les compromettre », s’insurge un représentant d’une association de droithumains à Dakar. « Les images montrent clairement que ces nervis viennent pour terroriser et tuer la population. Ils n’ont pas la maîtrise du maintien de l’ordre comme la gendarmerie ou la police. »
Ousmane Sonko ou Macky Sall… À Dakar, qui maîtrise la rue ?
La restriction des réseaux sociaux, en vigueur depuis le 1er juin, et la coupure partielle du réseau 4G a-t-elle poussé la police nationale àdiff user sciemment une vidéo tronquée ? Le commissaire divisionnaire Ibrahima Diop, directeur de la Sécurité publique, a en tout cas déclaré que la majorité des personnes arrêtées étaient « en possession d’armes à feu, de cocktails Molotov et d’armes blanches»
« Les forces de sécurité font face à des manifestants violents qui ne cherchent pas à exprimer leurs opinions, mais qui sont plutôt engagésdans des activités subversives », a-t-il ajouté, assurant que leurs actions visaient des « infrastructures essentielles de l’État », des domiciles,des commerces et des banques. Le ministre de l’Intérieur assurait quant à lui samedi que la situation était « sous contrôle, et maîtrisée ». Les forces de sécurité demeuraient lundi positionnées un peu partout dans la capitale, et l’armée est déployée autour de points stratégiques.
Jeune Afrique

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